  
                  Mme Ségolène Royal
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			    J’ai déjà parlé de Mme Ségolène Royal en  Novembre dernier, lorsque j’ai traité du genre des noms. A l’époque, les  élections présidentielles étaient prévues dans quelques mois, et elle  commençait tout juste à devenir populaire. Depuis, il ne s’est passé qu’un peu  plus de six mois, mais après avoir atteint le sommet, elle a perdu par deux  fois aux élections, et comme l’ont récemment annoncé les médias, elle s’est séparée  de son compagnon, Mr François Hollande (du même Parti Socialiste), comme si  elle dégringolait les pentes du destin. En voulant faire une métaphore avec le  mot « Jet coaster », je me suis aperçu qu’il ne s’agissait en fait  que d’un mot anglais crée par les Japonais. 
 Je fais une digression, mais en bon anglais, on  dit «roller coaster», et en français, «montagnes russes» (jusqu’il y a peu, on  utilisait également l’anglicisme «scenic railway»). 
Selon le Wikipédia, son origine est étonnement  lointain, et remonte jusqu’à un jeu en vogue à la fin du 18e siècle  à St Pétersbourg, en Russie, qui consistait à descendre des pentes enneigées en  luge. Donc, les montagnes russes ont en fait la même origine que la luge, qu’on  est habitué à voir aux J.O d’hivers. Et au 19e, une entreprise appelée « les  Montagnes Russes à Belleville » créa des luges sur roues pour les faire  glisser sur les collines de Belleville, à Paris (1812). Ceux-ci eurent un franc  succès, et on les retrouvera même dans les journaux des frères Goncourt, qui  était pourtant réputés ne pas aimer les choses nouvelles et bizarres. Je  pensais qu’une chose légère tel que les montagnes russes avaient été inventées  par les Américains, mais il semblerait que les Français les aient devancés.  Bien sûr, il va sans dire que ce sont les premiers, et les Américains du 20e  siècle, de surcoit, qui ont développés les grandes technologies et  installations actuelles, pour en faire les vedettes des parcs d’attractions.  
               Je continue ma digression : pour exprimer  la « volatilité de la vie », nous avons tendance à dire que « la  vie a ses hauts et ses bas », et j’ai pensé, de manière hâtive, que sur  cette lancée, je pouvais utiliser l’expression « comme les montagnes  russes », mais en français, même en consultant les grands dictionnaires,  il n’y a pas d’exemple qui utilise ces objets à ce point pour faire des  métaphores ; et même s’il y en a, cela se limite aux cas suivants : 
               ˝Le bateau s’enfonça,  c’était les montagnes russes ....  Ça montait doucement, doucement, à  la dérobée et ça descendait  de même<...>  ˝(Sartre)  
                  Donc, si on veut parler de la  « volatilité de la vie », il semble que c’est l’expression suivante  qui est normalement  employée : 
               ˝Elle a connu beaucoup de  vicissitudes. ˝ 
               Vicissitude (Il semble que le  pluriel soit la norme) existe aussi en anglais, mais comme, en parrallèle, on  utilise la phrase : 
              ˝She has had ups and downs in life.˝ 
               On  pourrait en conclure que de ce point de vue, on pourrait dire que l’anglais est  plus proche du japonais que du français.  
                
              Bon, retournons à Mme Royal. Il s’agit d’une  femme forte, comme elle l’a démontrée pendant sa campagne électorale, elle ne  prononcera jamais la plainte suivante :  
               ˝Hélas  ! qui peut savoir le destin qui m’amène ? ˝ 
               Ce sont les paroles prononcées juste après le  début d’ « Andromaque », chef d’œuvre du début de la carrière de  Racine, dramaturge du 17e siècle. Elles sont prononcées par Oreste  (Le fils d’Agamemnon Roi d'Argos de la Grèce antique). Celui-ci vient d’arriver  en Épire, en suivant la froide Hermione (Fille d’Hélène, elle-même fille de  Zeus). Comme tout le monde le sait, il est traité cruellement par cette  dernière, désespère de la vie, et à la fin de la tragédie, il meurt à demi fou.  C’est vraiment le type même des personnes malmenées par le destin.  
                Contrairement à Oreste, Mme Royal a répondu  sans hésiter aux journalistes qui l’interrogeaient sur le bien fondé de la  rumeur de leur séparation : 
               C’est  vrai que j’ai proposé à François Hollande de vivre sa vie de son côté et qu’il l’a  accepté. Nous ne sommes plus au même  domicile, et ça correspond à la réalité  de notre relation. 
                C’est  une réponse très claire, et on ne peut qu’être impressionnés par cette manière  digne de parler, mais j’ai été stupéfait de me rendre compte que plus que les  problèmes des sentiments, ce sont ceux de l’institution qui sous tendent cette  attitude. Quel est ce système ? Pour le comprendre lisons l’article  suivant (Paru dans « Le Monde » du 19/06/07) : 
               Ainsi  prend fin, au vu de tous, l’histoire d’un couple pacsé mais non marié qui s’est rencontré sur les  bancs de l’ENA, il y a trente ans, et qui a fini par se trouver en situation de  concurrence. 
              
  
                    
         M.François 
                Hollande |   
              L’important, c’est que tous deux sont des  élites, qui se sont connus à l’ Ecole Nationale de l’Administration, point de passe quasi obligé pour les fonctionnaires  supérieurs et les politiciens, qu’à présent ils ne vivent plus ensemble, et que  ce sont des rivaux qui se disputent le siège du président du PS ; mais ce  qui m’intéresse ici, c’est le verbe « se pacser » ( La partie en gras  de la citation, au participe passé).  
               Après quelques recherches, il est apparu qu’on  dit « se pacser » le fait de signer un pacte civil de solidarité  (pacs en abrégé). Maintenant, quel est ce « pacte », défini par la  loi de 1999 (On pourrait dire que c’est le point d’arrivée du 20e  siècle !) ? Indépendamment du sexe (cela veut dire que les  homosexuels sont aussi concernés), ce contrat est signé par deux célibataires  ayant au moins un lien de parenté de plus du 3e degré qui veulent  avoir une vie commune, et il ne peut être signé si on a d’autres liens de  famille. 
              Il est conclu en présentant les documents  suivants au tribunal auquel on dépend.   
                Le  contrat en double exemplaire ; le certificat de naissance ;  attestation sur l’honneur que l’on a pas d’autre liens de familiaux ;  attestation prouvant que l’on est pas déjà pacsé, délivré par le tribunal de la  circonspection de son lieu de naissance ; et une demande montrant que  l’adresse commune est bien dans la circonspection du tribunal où est faite la  déclaration. 
              Les démarches sont simples, mais on attire  notre attention sur le fait qu’on a des obligations (alimentaires, taxes,  héritage, etc.) vis-à-vis du partenaire. Pour résumer, ce n’est pas un simple  concubinage, mais « une institution juridique », au même titre que le  mariage.  |